Fête des lumières en mode VIP accessible

N.B. : Article écrit pour la revue 6 Millions de Malentendants

La Fête des Lumières est l’actualité lyonnaise incontournable durant un week-end de 4 jours incluant le 8 décembre. Cette année, j’ai eu le privilège d’y assister de façon privilégiée. Je vais vous raconter tout ça. Commençons par le commencement…

La conférence de presse

La rédaction de votre revue préférée que vous tenez entre les mains a été sollicitée, par l’équipe accessibilité de la Fête des Lumières, pour assister à la conférence de presse. Après un rapide échange avec les rédactrices en chef, j’ai eu l’honneur de représenter 6MM. Ayant été avertie quelques jours avant la date, demander une transcription professionnelle s’est avérée utopique. La veille de la conférence, il m’a été demandé si les interprètes LSF présents en raison de la présence d’un artiste sourd (voir plus loin) pourraient me convenir. Comme ce n’était pas le cas, j’ai opté pour une solution personnelle (tablette équipée d’une application de transcription gratuite). Même si ce n’était pas l’idéal, j’ai reçu, outre un magnifique tote-bag avec les bâtiments de Lyon aux fenêtres phosphorescentes, un bon accueil. Une place m’était réservée au deuxième rang (à proximité immédiate du maire de Lyon et de la première adjointe), et j’ai ainsi pu suivre cette présentation. Plusieurs thèmes ont été évoqués dont celui de faire de cette Fête des Lumières un événement le plus inclusif possible. Il a notamment été signalé la volonté de rendre événement accessible aux personnes malentendantes avec un dispositif renforcé : équipe d’accueil formée, gilets vibrants à disposition sur une installation et présence d’un artiste sourd. J’ai craint lors de cette conférence que sa présence soit justifiée seulement par sa surdité et la bien-pensante inclusion. Mais c’est bien son côté artistique qui a été valorisé. Au-delà des dispositifs pour les personnes touchées par le handicap auditif, l’audiodescription avait été pensée sur un espace, des parcours spécifiques étaient proposés en accompagnement pour certains publics. Donc un bon panel de moyens était réellement mis en place pour que chaque personne puisse profiter au mieux de cet événement. Il est possible d’espérer que ce soit mieux l’an prochain pour l’accessibilité de la conférence de presse en elle-même.

Visite VIP

Les dispositifs disponibles me sont connus du fait d’échanges avec l’équipe chargée de l’accessibilité. Cet événement riche en découvertes lumineuses m’a toujours beaucoup plu. Donc, je vous avoue que ce qui m’intéressait le plus lors de cette conférence, était de pouvoir avoir un aperçu des œuvres et installations en avant-première pour me faire une idée des choses à prioriser. Le Parc de la Tête d’Or faisait inéluctablement partie des lieux à voir.

Et joie suprême, il m’a été proposé de le voir de façon privative ou presque (une dizaine de personnes) la veille du début des festivités. Avoir le Parc pour soi, y déambuler en vélo parmi les illuminations procurait un enchantement dont je suis encore sous le charme. Les derniers réglages se faisant, tout n’était pas parfait ; mais nous avons pu profiter de l’atmosphère féerique de la Fête des Lumières au Par cet découvrir les installations sans la foule… L’idéal n’était pas loin !

Du jeudi au dimanche, sur présentation de ma carte CMI, j’ai pu profiter de passages « coupe-file », ce qui lorsqu’il y a plus de 2 millions de personnes, des sens uniques piétons, est un privilège bien appréciable. Il m’est impossible de vous décrire tout ce qui fait de cet événement un moment à vivre. Mais voici un aperçu. Certaines œuvres offraient un vrai spectacle prenant en compte la nature et l’architecture du lieu : la fresque des lyonnais où les personnages nous faisaient voir avec humour ce qui les liaient à la ville, la gare Saint Paul avec les histoires racontées par les voyageuses et voyageurs, le bassin place de la république avec le bateau de feu (un peu ivre le bateau mais pas du fait du vin chaud présent à tous les coins de rue, plutôt en raison du climat). D’autres installations méritaient de faire un détour pour leur côté « bonne trouvaille lumineuse » : la place Sathonay avec un immeuble peuplé de personnes variées, la rue Grôlée avec les plantes médicinales à valoriser et à préserver.

Aperçu en photos pour faire une pause avant la suite parlant de l’accessibilité auditive:

Accessibilité auditive

Profitant des gilets vibrants, j’ai pu doucement vibrer avec « Ceux du fleuve » projetés sur la colline de Fourvière. L’œuvre invitait au calme. Il est toutefois difficile de s’endormir debout dans la foule, de surcroît avec des vibrations le long de la colonne vertébrale ; mais heureusement étant donné les créatures imaginaires nous rendant visite dans notre sommeil telles qu’on pouvait les apercevoir.

Anthony Guyon, artiste lyonnais sourd, a offert avec son installation un moment de sensibilisation très grand public (plus de 2 millions de personnes faut-il le rappeler…) à la culture sourde. Cette œuvre, conçue par la compagnie On/Off et le vidéaste Pierre Amoudruz, a permis de découvrir le VVV (Video Visual Vernacular), emblématique de la culture sourde. Il s’agissait d’une vraie démarche artistique réussie, où la LSF devenait une poésie visuelle. Outre Anthony Guyon, quelques personnalités locales (Isabelle Voizeux, journaliste à l’œil et la main) et interprètes LSF ont offert un spectacle très agréable à regarder, compréhensible par toute personne : nul besoin de connaître la LSF pour saisir l’histoire racontée.

Bilan :

Une édition mitigée sur le plan des installations (certaines étant présomptueuses, d’autres de jolies surprises), une accessibilité à développer encore et toujours. Mais elle a permis à la magie de la lumière d’opérer une nouvelle fois afin de rallumer la flamme de l’enfance et faire briller les yeux de tous âges !

Je me souviendrai de cette édition, en partie grâce à mon super tote-bag (relisez le début si vous avez zappé cette info essentielle !) et les avantages VIP tels que la visite du Parc en toute intimité permettant de vivre une certaine féerie. Et je n’ai déjà qu’une hâte : revivre de tels instants l’année prochaine.

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