Comment j’ai pu partir en retraite anticipée

J’ai travaillé dans un organisme de Prévoyance pendant plus de 30 ans en ayant la qualité de « travailleur handicapé ». Le fameux label RQTH m’avait été octroyé à l’âge de 23 ans sur les conseils d’un médecin du travail, alors que j’effectuais un essai dans une société de « renseignements commerciaux » où mon unique outil de travail était le téléphone. Autant dire que ce médecin avisé, après m’avoir fait passé un audiogramme et constaté ma perte sévère d’audition, a eu vite fait de me déclarer inapte pour le poste ! Et quelle bonne idée a-t-il eu de m’adresser à ce qu’on appelait alors la « COTOREP »car plus de 30 ans après, ce fameux RQTH m’a probablement ouvert les portes de la retraite anticipée !

Après une période relativement tranquille où les gens communiquaient beaucoup par courrier, le téléphone et les réunions ont pris une place grandissante dans mon métier de gestionnaire et les « open space » bruyants sont devenus la norme. Je finissais souvent épuisée après des permanences téléphoniques durant lesquelles je m’évertuais à faire répéter les demandes des clients et épeler les noms propres et les adresses que je ne comprenais pas. L’aménagement de mon poste se bornait à un succinct amplificateur téléphonique et je me suis même vu refuser l’aide financière que je demandais au service social pour le renouvellement de mes prothèses auditives. Heureusement, mes dernières managers, très compréhensives, ont fini par me dispenser de ces horribles permanences téléphoniques. Et je travaillais à temps partiel (80%), ce qui me laissait un peu le temps de respirer…

C’est en se renseignant au sujet de sa propre retraite que mon mari m’a aiguillée sur la possibilité d’un départ anticipé en tant que travailleur handicapé. Je m’étais renseignée auprès de mon organisme de retraite complémentaire mais on me disait qu’il fallait de nombreuses conditions et que je devais attendre l’âge de 60 ans. J’en avais alors bientôt 57.
J’ai fini par trouver un document « demande d’attestation de départ en retraite anticipé des assurés handicapés » que j’ai téléchargé  sur le site de la CARSAT et je l’ai envoyé. Bien m’en a pris car 3 mois plus tard, j’ai reçu une réponse où figurait la mention « droits ouverts », ce qui signifiait que je pouvais prendre ma retraite. Je n’en croyais pas mes yeux et j’ai mis très longtemps à réaliser…
Je suis donc partie à 57 ans le 1er avril 2019. Ce n’était pas une blague et cela a été l’un des plus beaux jours de ma vie !

Plus tard, en rencontrant l’ALDSM, j’ai su que je pouvais également prétendre à une carte d’invalidité qui présentait certains avantages (entre autre 1/2 part supplémentaire pour les impôts) et aussi que j’avais droit à une majoration de ma retraite, qui n’avait pas été prise en compte par la CARSAT.
Laurence

Posted in Témoignages.