Brigitte chez les hélvètes

Ma curiosité vis-à-vis de la surdité et/ou de la malentendance m’a amené à m’inscrire, au fil du temps, à de nombreux newsletters (aussi bien des magazines d’audiologie que des associations/fédérations étrangères tant que cela reste rédigé en français).

C’est ainsi que j’ai pris connaissance que Forom Ecoute (Fondation Romande des Malentendants) organisait la journée à thème annuelle le samedi 24 mai 2025 à … Lausanne. Le thème du jour était « Lire sur les lèvres – Un atout essentiel pour mieux comprendre ».

Je suis disponible ce week-end du 24-25 mai, je ne me pose pas de question, je m’inscris à ce congrès et je vais aussi profiter pour y rester tout le week-end pour le tourisme et découvrir la ville de Lausanne (clin d’œil humoristique : si cela avait été une association/fédération québécoise, il est bien moins évident que j’aurai sauté dans un avion pour la sortie associative puis touristique).

De nombreuses personnes dans le salon dédié de Lausanne Palace, une estrade, un micro, deux grands écrans (pour la transcription écrite), des hauts-parleurs, une boucle magnétique : rien ne diffère de nos pratiques françaises. Ne pas oublier les techniciens en fond de salle pour le réglage des sons mais aussi l’enregistrement en vidéo car les interventions (à l’exception des tables rondes) seront ensuite sur le site YouTube1 de la fondation.

La première intervention est sur l’historique de la lecture labiale. Le nom de Jeanne GARRIC revient régulièrement. C’est un nom que j’ai découvert lors de mon premier stage2 ARDDS3 annuel. Jeanne GARRIC est la fondatrice de la méthode analytique globale. D’autres noms associés à d’autres méthodes sont données mais je n’ai pas pris de notes.

La même intervenante a ensuite présenté ses 30 années professionnelles autour de l’enseignement de la lecture labiale. Aujourd’hui, bien que retraitée, elle continue cet enseignement tellement c’est une passion. J’ai fait une relation entre cela et l’une des 3 orthophonistes qui mènent les journées de lecture labiale de notre association lyonnaise : même retraitée, elle continue à partager ses connaissances aux adhérents ALDSM.

De cette intervention qui a été suivie de témoignages (sous forme de table ronde) de 5 personnes qui ont suivi des cours de Lecture Labiale (LL), j’ai retenu les subtilités suivantes :

– il arrive assez souvent que ce sont les ORL et/ou audioprothésistes qui présentent à leur patientèle, l’existence des cours de lecture labiale,

– les professionnelles (je n’ai vu que des femmes lors de cette journée) de la LL sont dénommées Enseignantes4. Elles sont formées à seulement cela et leur activité pro ne tourne que autour de la LL. C’est ainsi totalement différent en France où nos orthophonistes présentent un large champ de compétences. Ainsi, à mon sens, nos orthophonistes françaises qui ont le champ LL, ne sont pas forcément aussi bien équipées que les enseignantes LL helvètes.

– bien évidement, l’apprentissage de la LL est à faire au plus tôt.

– certaines personnes qui ont, du fait de leur déficience auditive, suivi des cours de LL sont ensuite devenues des enseignantes de LL.

Le journaliste helvète, modérateur de la journée, a ensuite présenté les différents remboursements possibles des cours de lecture labiale. J’ai, à ce niveau, découvert les subtilités suisses : AI5 et AVS. Ce sont des notions appartenant à ce que serait la Sécurité Sociale en France.

Il existe deux types de cours : cours individuels et cours collectifs.

Les remboursements ne sont possibles que pour les AI et non pour les AVS, ainsi que pour les cours individuels. L’acceptation de remboursement est conditionné à la suite d’un montage d’un dossier avec prescription médicale et avec lettre de motivation de la part du déficient auditif.

J’ai perçu qu’il existe des différences de traitement des dossiers entre les différents offices des cantons. Ce n’est pas sans me rappeler les différences de traitement entre MDPH en France (selon le département dans lequel on réside).

La dernière intervention de la journée concernait le système REEFLECT. Ce système « solution domotique au service des malentendants » a été conçu par un français (Montpellier), Anthony Denux. Anthony est CODA, c’est-à-dire qu’il est enfant entendant de parents sourds, il connaît alors et signe la Langue des Signes Française.

Le système REEFLECT est basé sur l’IA – Intelligence Artificielle. Le principal boîtier est configuré pour reconnaître les différents bruits quotidiens de son propriétaire (sonnette de porte, alarme du détecteur de fumée, bips du micro-onde …). Dès que ces bruits sont émis, le boîtier va envoyer des signaux aux différents récepteurs placés en différents endroits de la maison ou appartement. Ces derniers vont alors émettre des signaux lumineux. Il existe aussi un système où ce serait une montre placée autour du poignet qui se mettra à vibrer.

La société étudie les dispositifs aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises.

Bilan de ce forum :

Ce fut une très agréable journée de connaissances et de rencontres. Cela m’a amusé de découvrir les différences / subtilités helvètes. Par contre, ce fut tout de même une surprise de savoir qu’il faut que j’aille dans un pays étranger pour faire connaissance d’une société française de solutions destinées aux déficients auditifs.

2Stage d’Aout 2021 à Créhens (Côtes d’Armor)

4Les enseigantes présentes lors de cette journée faisaient partie de ARELL : Association Romande des Enseignantes en Lecture Labiale

5L’anecdote concernent la signification de AI : le lendemain, au cours de mes escapades dans les vignobles de Lavaux à moins de 10 km de Lausanne, je parcours par curiosité un panneau d’affichage de l’équivalent mairie en France . Je lis que AI signifie Assurance Invalidité.

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