Tout savoir sur le matériel d’accessibilité auditive avec Axe Audio !

Vendredi 28 Avril 2023, huit membres de l’ALDSM ont participé à une formation au matériel d’accessibilité auditive, animée par Sigrid Cathelain de la société « Axe Audio ».

Cette formation s’est déroulée à la Cité Administrative de l’Etat à Lyon, dans les locaux de la Direction Départementale des Territoires (DDT), service de l’Etat en charge, entre autres, des avis sur l’accessibilité des Établissements Recevant du Public. Suivaient également cette formation : sept personnes de la DDT et trois membres du Collectif des Associations du Rhône Pour l’Accessibilité (CARPA ). Certaines personnes connaissaient bien la question de la surdité et d’autres beaucoup moins !

Sigrid Cathelain est membre de l’association Surdi 59 et fondatrice d’Axe Audio, société de conseil proposant des solutions d’accessibilité auditive et visuelle pour les particuliers et les établissements recevant du public. Sigrid a une bonne audition mais est très sensibilisée à la surdité car sa mère était malentendante. Son histoire personnelle explique ce côté militant qui la caractérise, car on se rend vite compte que Sigrid défend corps et âme la cause des malentendants ! Elle a vu sa mère transformée par l’utilisation des boucles magnétiques et ceci lui a donné l’envie d’en faire la promotion…

Elle a bien voulu venir nous exposer les différentes solutions qui existent pour équiper les fameux ERP, Établissements Recevant du Public. À ce propos, elle a récemment signé un contrat avec la ville de Lyon pour la fourniture de solutions d’accessibilité auditive.

De plus, Sigrid a une excellente diction (qui rend la BIM superflue…si si) ! Ce fut donc un vrai plaisir de l’écouter, de la comprendre et d’apprendre sur la BIM et autres solutions d’accessibilité!

Voici un petit aperçu du matériel existant pour l’accessibilité auditive :

1- La Boucle à induction magnétique (BIM)

Il existe deux systèmes fonctionnant avec cette technique :

BIM Fixe, prévue pour les salles sonorisées c’est à dire équipées d’un micro et de hauts parleurs. (ex : salles de cinéma, église, salle de conférence, salle de réunion).

On utilise le son diffusé par une sono, on relie à cette sono un amplificateur spécifique de boucle magnétique, qui lui-même diffuse le signal sonore sous forme d’impulsions électriques dans un câble métallique disposé en boucle dans la salle. Le son est transmis par induction magnétique vers les petites bobines situées dans les prothèses auditives ou implants cochléaires. La position Test un programme de l’appareil auditif qui permet de recevoir le son par BIM.

Si la boucle est bien conçue et bien installée dans la salle, c’est la solution qui apporte le meilleur confort d’écoute. La personne malentendante reçoit alors directement le son dans ses appareils auditifs, sans temps de latence.

Son installation dépend des dimensions de la pièce, doit respecter des algorithmes très précis et doit donc être réalisée par des techniciens sérieux et compétents…faute de quoi, la BIM n’est pas fonctionnelle pour les malentendants…ce qui malheureusement semble fréquent !

Par ailleurs, trop peu d’audioprothésistes vous proposeront spontanément un modèle d’appareil contenant la bobine et la position T. Insistez pour avoir cet équipement, sans lequel vous ne pourrez pas profiter des BIM. Contrairement à ce que certains vous diront, cela n’est pas obsolète, mais complémentaire aux solutions de blue-tooth, et lorsque c’est prévu à l’origine, le contour d’oreille n’est pas plus gros.

Le système BIM+appareil avec bobine et position T est universel, pérenne, identique dans tous les pays du monde. Lorsqu’il y a une boucle magnétique dans une salle, elle est signalée par un pictogramme oreille barrée avec un T et les visiteurs malentendants n’ont pas besoin de se signaler, il leur suffit de mettre leur position T sur l’appareil auditif et ils entendent le son de la sono sans qu’il passe par les haut-parleurs.

BIM pour les guichets d’accueil. Elle se présente sous la forme d’un boîtier de 20 cm de côté, avec un micro intégré ou séparé (cf photo). Sa portée de 1.50 à 2 m. Elle est notamment obligatoire à l’accueil de tous les ERP ayant une mission de service public : administrations, collectivités, police, justice, médiathèque, musée, établissements hospitaliers… Comme pour la BIM fixe, elle nécessite d’avoir la position T sur votre appareil. Elle doit être branchée sur le secteur et allumée pour fonctionner. N’hésitez pas à demander que la personne à l’accueil l’utilise. Vous entendrez le son directement dans vos appareils.

2.  Système haute fréquence (HF)

Appelée à tort « BIM portative » car le son est transmis entre un émetteur et plusieurs récepteurs individuels par les ondes radio. Néanmoins, la chaîne de réception peut comprendre un collier magnétique, qui enverra le son dans les prothèses équipées de la bobine et du programme T. Il convient aux salles non sonorisées, ainsi qu’aux visites guidées, aux animations dans les EPHAD dans la mesure où c’est essentiellement une personne qui parle et plusieurs personnes qui écoutent, sinon le micro associé à l’émetteur doit être passé aux personnes qui prennent la parole, ou bien la personne qui parle doit répéter les questions des personnes de l’assemblée.

C’est ce système qui est utilisé par l’ALDSM dans nos visites guidées trimestrielles.

3. Système infra rouge

Même principe que le système HF, mais il est bloqué par les murs, contrairement au système HF. Il est approprié lorsqu’il y a un besoin de confidentialité (tribunaux, police).

4. Systèmes Wi-fi-smartphone

Le son est envoyé vers le smartphone par wifi, puis depuis le smartphone vers les appareils auditifs  par bluetooth. Une application gratuite est à télécharger par QR code. Nécessite une liaison bluetooth entre le smartphone et les appareils ou bien un casque filaire. Pour le gérant du lieu, pas de parc de récepteurs à gérer. Mais pour les clients : nécessité d’arriver avec un smartphone chargé à bloc. Attention, il y a un temps de latence (décalage) entre la sono de la salle et le son transmis par le smartphone : s’il est trop important, il y a un effet haché, et c’est incompréhensible. C’est malheureusement le cas dans beaucoup de cinémas.

 

5. Les solutions visuelles

Transcription simultanée de la parole sur un écran équipant une salle ou sur smartphone ou tablette, avec des applications comme Ava, Transcription Instantanée sur smartphone, ou Le Messageur, service de transcription « humain » pour des conférences, réunions.

Pour les échanges téléphoniques, utilisation de systèmes de transcription des conversations téléphoniques, comme Roger Voice, Autonomie.orange.

 

6. Autonomie des malentendants chez eux

L’amplificateur de conversation est un système comprenant un émetteur individuel et un récepteur individuel avec casque ou dans certains cas d’un dispositif qui fait 2 en 1 et que l’on place entre les deux interlocuteurs. Il convient notamment aux personnes très âgées qui n’ont pas d’appareils auditif, ou qui ont des difficultés à les manipuler.

Les avertisseurs flashant ou vibrant équipent réveils, sonnette d’entrée, alarmes incendie, et préviennent la personne malentendante.

Le fin mot de cette formation :

Avec toutes ces options, est-il encore possible de participer à une réunion sans comprendre ?

En théorie non, car les techniques sont nombreuses et une solution existe pour tous les usages, toutes les pièces à équiper, tous les budgets, pour les usages collectifs ou individuels.

En pratique, c’est moins évident. Même s’il y a obligation pour les services publics de proposer à tous un service accessible, encore faut-il une volonté, un budget adéquat, que le professionnel retenu pour installer l’équipement soit compétent (et malheureusement, les devis sont souvent proportionnels aux compétences), que le personnel sur place ait la formation adaptée pour faire fonctionner l’équipement, que la fonctionnalité de l’installation soit testée et validée par des malentendants.  

Nous avons notre rôle à jouer : dans les Établissements Recevant du Public, posons la question de l’accessibilité auditive, et si elle n’existe pas ou ne fonctionne pas bien, signalons-le ou suggérons des améliorations. Par exemple demandons les sous-titrages des films ou des brochures écrites dans les musées pour les documents sonores, demandons la vérification par des professionnels compétents des BIM qui ne fonctionnent pas. C’est ainsi que nous ferons prendre conscience de nos besoins.

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