Témoignage octobre rose…

A l’occasion d’octobre rose, l’ALDSM se fait le relais des messages de prévention du cancer du sein au travers du témoignage d’une de nos adhérentes.

Bonjour, je m’appelle Isabelle. On m’a diagnostiqué un cancer du sein en juin 2021, quelques semaines avant mes cinquante ans. J’étais suivie depuis l’âge de 27 ans par mammographies régulières, suite à un adénofibrome (petit kyste bénin) dans un sein.

Je n’avais pas de facteur de risque particulier (aucun cancer du sein dans ma famille), alimentation équilibrée et sans excès, pas de tabac, pas de consommation régulière d’alcool, pas de surpoids, du sport régulièrement malgré une vie professionnelle bien remplie.

Je n’avais aucune raison d’avoir un cancer du sein. Grâce à ces mammographies régulières, et quelques semaines avant de recevoir ma convocation au dépistage organisé, j’avais quand même demandé cette mammographie à mon médecin. Ça devait être un contrôle de routine, comme les autres. Mais cette fois-ci le radiologue m’a indiqué qu’il y avait une modification par rapport à la mammographie précédente…

Beaucoup de choses se sont bousculées dans ma tête quand la radiologue m’a annoncé ce cancer du sein après la biopsie, mais je me suis raccrochée tout de suite à l’idée que c’était pris à temps, et que cela se soignait bien. Grâce aux caractéristiques de mon cancer, et à sa détection par mammographie alors qu’il était encore de taille modérée (1 cm à l’échographie, mais en réalité un peu plus de 2 cm après l’opération), j’ai un traitement moins lourd et j’ai l’espoir d’une rémission complète. Je serai moins longtemps en arrêt maladie, j’aurais moins de séquelles à court terme et à moyen terme.

J’ai pu conserver mon sein, seule la tumeur a été enlevée, et c’est déjà une épreuve psychologique en moins, même s’il y a la possibilité de se faire reconstruire le sein.

La chirurgienne m’a confirmé après analyse de la tumeur enlevée que je n’aurai pas besoin de chimiothérapie. Nous avons tous en tête des femmes sans cheveux avec des foulards sur la tête, c’est aussi une autre épreuve à passer, mais ce que l’on sait moins, c’est que la chimio entraîne des troubles cognitifs qui perdurent quelques mois après, voire plus longtemps (perte de mémoire, difficultés de concentration, fatigabilité), et ça aussi c’est une épreuve.

On m’a enlevé deux ganglions sentinelles. Mon cancer étant pris à temps, un seul des deux ganglions contenait une micrométastase. Je n’ai pas eu de curage axillaire (enlèvement de la chaîne de ganglions), cette intervention aurait entraîné un risque accru de lymphœdème, parfois plusieurs années après. Un lymphoedeme, c’est le bras qui gonfle. Lorsqu’on a un lymphœdème, c’est à vie, on ne peut pas en guérir. Il faut très vite consulter et mettre en place des manchons pour maîtriser son volume, et apprendre à vivre avec : autobandage, automassage…

Je voulais aussi témoigner de la prise en compte de mon handicap auditif lors de mon traitement en milieu hospitalier. J’ai tout de suite et à chaque soignant rencontré (radiologue, oncologue, médecine nucléaire, infirmières, anesthésiste, accueil secrétariat, radiothérapeute) signalé systématiquement que j’étais malentendante, ce qui les a incité à me parler un peu plus fort ou bien je leur ai indiqué que je les comprenais et que je les ferai répéter si je ne comprenais pas. Il était essentiel pour moi de bien saisir tout ce que l’on me disait, et j’ai fait répéter chaque bribe de phrase non comprise. Lors de l’opération, je suis partie au bloc avec mes lunettes et mes appareils, ainsi qu’avec leurs boites, un sac transparent de rangement et un papier sur lequel j’avais écrit que j’étais malentendante et qu’il fallait me redonner mes appareils auditifs à mon réveil. Je l’ai bien signalé à tous les soignants dans le bloc. J’ai subi deux opérations et ai procédé ainsi à chaque opération. J’ai pu enlever mes appareils auditifs sur la table d’opération au moment de l’installation et dès que je me suis réveillée, à chaque fois, un soignant est venu m’apporter de suite mes appareils et mes lunettes.

Je tenais à vous apporter mon témoignage et à vous encourager à faire la mammographie de contrôle tous les deux ans à partir de 50 ans. Le risque de cancer augmente significativement à partir de 50 ans. Plus votre cancer est pris à temps, moins le traitement sera lourd, plus grandes seront vos chances de rémission. Après 74 ans, le dépistage organisé s’arrête, cependant le risque est toujours là et s’accroît avec l’âge. Il faut continuer la mammographie tous les deux ans après 74 ans. Le nombre de femmes en bonne santé après 74 ans augmente, et malheureusement elles sont souvent dépistées à des stades avancés car elles ne passent plus leur mammographie, et de ce fait elles subissent des traitements lourds, et elles ont un taux de mortalité important du fait du cancer du sein. Chaque année, on dépiste en France un peu moins de 60 000 nouveaux cas de cancers du sein. Parmi ces cas, un quart concernent des femmes de plus de 75 ans. La moitié des décès par cancer du sein concernent des femmes de 75 ans.

Les gestes de prévention sont importants, mais ils ne font pas tout. L’autopalpation est à faire une fois par mois, mais elle n’est pas suffisante après 50 ans, car lorsqu’on sent quelque chose, c’est déjà souvent à un stade plus avancé que le dépistage par mammographie. Par ailleurs, selon leur emplacement, les tumeurs ne sont pas toujours palpables. La mienne était très profonde, et non détectable au toucher.

Enfin, le cancer est silencieux : il ne fait pas mal, il ne provoque pas de fatigue. Je n’avais aucun signe, et j’étais en pleine possession de mes moyens au moment du diagnostic.

Lorsqu’il y a des signes (perte de poids, fatigue), il est déjà à un stade avancé.

Voici quelques symptômes qui doivent alerter, mais après 50 ans, il ne faut pas attendre ces signes pour se faire dépister par mammographie :

  • une masse dure dans un sein, fixe ou mobile

  • des ganglions gonflés et durs, non douloureux, au niveau de l’aisselle (sous le bras)

  • des modifications de l’aspect de la peau du sein ou du mamelon

  • un changement de la taille ou de la forme du sein

  • des écoulements spontanés au niveau d’un des deux mamelons.

Le cancer du sein touche plus rarement (moins de 7 % des cas de cancer dépistés), mais en nette augmentation, les jeunes femmes de moins de quarante ans, souvent plus gravement car le dépistage est tardif et ce cancer est souvent agressif dans cette tranche d’âge. Des facteurs de risque existent (cancer du sein dans la famille, puberté précoce, première grossesse tardive, consommation d’alcool..), mais dans la moitié des cas, il n’y a pas de facteurs de risque. De ce fait, elles doivent être vraiment attentives à la moindre détection de masse dans le sein, par autopalpation et le moindre des symptômes décrit ci-avant. La plupart des cas de masses dans le sein se révèlent à cet âge être bénins, mais il faut absolument les faire contrôler rapidement par une consultation médicale et une mammographie.

Enfin le cancer du sein touche aussi des hommes (1 % des cancers du sein dépistés). Les symptômes sont les mêmes que pour ceux des femmes. Là aussi, ce cas étant rare, les hommes doivent signaler rapidement à leur médecin tout symptôme afin de se faire diagnostiquer rapidement et accroître leur chances de rémission.

En complément, voici deux vidéos sous-titrées d’illustration des mes propos :

Pourquoi la mammo ?

https://www.youtube.com/watch?v=OB6jdU59esI

Il s’agit d’une vidéo conçue et réalisée par des bénévoles de la délégation Auvergne-Rhône-Alpes de l’association Europa Donna qui apporte du soutien aux femmes atteintes d’un cancer du sein. Cette vidéo explique pourquoi c’est important de faire le dépistage par mammographie tous les deux ans à partir de 50 ans.

– femmes de plus de 74 ans, le dépistage du sein doit continuer.

http://www.europadonna.fr/du-depistage-aux-traitements/le-depistage/

Faire défiler la page vers le bas pour accéder à la vidéo de témoignages croisés d’un médecin qui démonte de fausses idées sur le cancer du sein après 74 ans, et d’une dame qui a été dépistée à 80 ans

Alors mesdames si vous avez plus de cinquante ans, n’attendez pas pour faire vos mammographies tous les deux ans !

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