L’avis d’un professionnel à propos des appareils de classe 1 et 2

Vous savez tous que depuis le 1er janvier 2021, les audioprothésistes sont tenus de proposer à leurs clients deux offres de prothèses auditives. Rappelez-vous l’article « des appareils auditifs à l’oeil?« paru dans le n° 423 de la Sourde Oreille…

  • une offre 100% santé, les appareils dits de classe 1, qui sont intégralement remboursés par la Sécurité Sociale et la mutuelle si vous disposez d’un contrat dit « responsable » auprès de votre mutuelle (la grande majorité des contrats répond à ce critère) ou si vous avez souscrit une complémentaire santé solidarité (qui remplace la CMU C),

  • une offre alternative, les appareils dits de classe 2, avec un montant restant à charge des patients après remboursement de la Sécurité Sociale et de la mutuelle. Le montant restant à charge peut être élevé, car le prix d’un appareil haut de gamme peut atteindre 1900 euros, avec un remboursement de la SS de 240 euros pour un adulte et un remboursement de la mutuelle variable selon les contrats souscrits.

Bon nombre de nos adhérents s’interrogent sur la qualité et la performance des appareils de classe 1 par rapport aux appareils de classe 2. Afin de les guider dans leur choix, M. Colin, audioprothésiste à Rillieux-la-Pape et responsable des études d’audioprothèse à l’Université Lyon I , a accepté de répondre à quelques questions :

L’ALDSM : Les appareils de classe 1 sont-ils aussi performants que les classe 2 ?

M. Colin : Il existe de nombreuses différences entre les appareils de classe 1 et de classe 2. Les appareils de classe 1 sont de bons appareils qui permettent de corriger la perte d’audition. Les appareils de classe 2 offrent des options supplémentaires qui apportent plus de confort d’utilisation et d’écoute.

L’ALDSM : Que pensent les audioprothésistes de l’article de Que choisir (février 2020) qui indique que les appareils de classe 1 offrent une efficacité équivalente à ceux de classe 2 ?  Des études par des organismes indépendants en vue de la comparaison entre les performances des classes 1 et 2 sont-elles disponibles en France ?

M. Colin : L’article de « Que Choisir » se base sur des mesures acoustiques dans certaines conditions. Les fonctionnalités et réglages utilisés ne sont pas détaillés. La société française d’audiologie mène une étude comparative. Les premiers résultats montrent des différences d’efficacité des débruiteurs. Il existe également d’autres critères qui différencient les appareils de classe 1 et de classe 2 (batteries, connexions bluetooth et surtout les automatismes des algorithmes en fonction de l’environnement sonore). Néanmoins sur les points essentiels, les appareils de classe 1 offrent de très bonnes performances. La différence se fera dans les environnements d’écoute difficile.

L’ALDSM : Est-ce que la qualité des composants des appareils de classe 1 est la même que celle des classe 2 : ne vont-ils pas tomber en panne plus rapidement ?

M. Colin : Les appareils de classe 1 et de classe 2 sont garantis pendant 4 ans. Le risque de panne dépend du type d’appareil : les intra-auriculaires, les contours d’oreille avec écouteur dans le conduit sont plus vulnérables aux pannes que les contours d’oreille classique avec un tube, du fait de leur conception. Les appareils de classe 1 ne sont pas plus fragiles que les appareils de classe 2.

L’ALDSM : 20 canaux de réglage en classe 2 au lieu de 12 canaux de réglage en classe 1 : qu’est-ce que cela change pour le patient ?

M. Colin : Cela peut aider pour le réglage et éviter certaines résonances dans le conduit auditif mais ce n’est pas un critère aussi important qu’il n’y paraît. Le nombre de canaux est souvent utilisé comme un argument de vente. Les différents débruiteurs, les algorithmes de reconnaissance de l’environnement sonore, de rehaussement de la parole sont bien plus importants pour le confort d’écoute.

L’ALDSM : Quelles sont les options possibles, quel est leur intérêt, dans quelles situations sont-elles vraiment appréciables ?

M. Colin : Les options apportent un confort d’écoute dans les situations difficiles.

Par exemple, la directivité microphonique adaptative (microphones directionnels) permet de se focaliser sur la personne que vous souhaitez écouter.

La synchronisation binaurale permet d’améliorer le confort d’écoute et la compréhension en milieu bruyant.

Les algorithmes anti-réverbération ou anti-écho modifient les réglages dans ces situations.

La connectivité sans fil / Bluetooth permet de connecter directement le téléphone ou la télévision avec les appareils. Ceci améliore énormément la compréhension.

Les réducteurs de bruit de vent réduisent le bruit de souffle et apportent du confort lorsque vous êtes dehors.

La bande passante élargie à des fréquences supérieures à 6 000 Hz peut être utile pour les acouphènes et les surdités légères.

Le générateur de bruit anti-acouphène permet de masquer les acouphènes et de re stimuler l’oreille.

L’ALDSM : Puis-je choisir mon « bouquet » de 3 options si je prends un appareil de classe 1 ?

M. Colin : Il existe de nombreux appareils de classe 1. Cela permet de choisir les appareils en fonction des besoins. Néanmoins, toutes les options ne sont pas disponibles en classe 1.

L’ALDSM : Quand ai-je vraiment intérêt à choisir une classe 2 plutôt qu’une classe 1 ?

M. Colin : Lorsque vous évoluez dans des environnements sonores compliqués, lorsque vous êtes dans des environnements bruyants, il peut être intéressant de choisir un appareil de classe 2. Plus vos difficultés d’audition sont importantes plus vous profiterez des bénéfices de certaines options.

L’ALDSM : Puis-je essayer un appareil de classe 1 et un autre appareil de classe 2 durant ma période d’adaptation, pour pouvoir choisir entre les deux ?

M. Colin : Il est tout à fait possible d’essayer un appareil de classe 1 et un autre de classe 2. Lors d’un premier appareillage en particulier, je conseille de choisir un premier appareil à essayer et d’aller au bout de l’adaptation jusqu’à obtenir une correction adaptée. En effet, il faut un certain temps d’acclimatation pour se « réhabituer » à entendre correctement. Changer d’appareil en cours de phase d’adaptation ne sera pas constructif. Les changements de réglages durant la phase d’acclimatation ne permettront pas de comparer les appareils d’une façon objective. Passé cette phase, l’audioprothésiste pourra programmer les mêmes réglages dans le second appareil. La comparaison pourra ainsi se faire plus rapidement.

L’ALDSM : Si j’ai l’habitude d’une marque, est-ce que chaque marque propose des classe 1 et des classe 2 ?

M. Colin : Oui, toutes les marques proposent plusieurs appareils de classe 1.

Nous remercions chaleureusement M. Colin d’avoir répondu à toutes nos questions afin d’éclairer nos choix.

Isabelle pour l’ALDSM

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