Je me suis enfermée dans ma bulle de confinement, je reçois des infos du monde extérieur depuis la radio le matin et la télé le soir. Les mêmes mots tournent en boucle : manque de masques, personnel soignant débordé, les gestes barrière, le confinement, le nombre de morts, etc. Ces mots tournent dans ma tête, m’empêchent d’être sereine. L’angoisse monte, je dors mal.
Puis ce samedi, je me suis dit ; STOP, il faut que la vie continue !Vivre dans une bulle sans communication possible avec les autres ; tu connais ! Eh oui, quand je suis devenue sourde, et pas encore implantée, je suis bien restée trois ans dans une bulle avec des infos tronquées,des frustrations de ne pas comprendre, l’angoisse de devoir affronter les autres. Je me souviens que je fuyais tout contact social, je me repliais sur moi-même.
La rencontre avec des pairs m’a fait comprendre qu’une solution était possible. Depuis que je suis implantée, j’ai réappris à rentrer en contact, à téléphoner, à ne pas avoir peur des autres.
Pendant cette période de confinement, j’essaie de prendre des nouvelles de ceux et celles qui sont confinés tout seuls, j’échange par Whatsapp avec mes enfants et petits-enfants, j’envoie des mails vrais, sans blabla, je me mets en colère contre les ceux qui profitent de cette crise. Tous les matins, je fais un effort de me recentrer en faisant quelques enchaînements de qi gong. Je m’habille avec soin et je me maquille tous les jours, je me parfume.
J’apprends à faire de choses nouvelles, comme couper les cheveux à l’aide d’un tuto sur You tube, suivre un cours de poésie numérique sur Internet, expérimenter de nouvelles recettes de cuisine. J’ai l’impression que le temps passe différemment. Je fais beaucoup de choses mais je les vis intensément.
Vivre dans une bulle pour se protéger et protéger les autres est actuellement une nécessité absolue, mais découvrir ses propres manques, comme ses richesses est une leçon de sagesse que le virus nous offre.
Confinement vôtre
Aisa