Les droits culturels en action !

Ma journée du 20 octobre 2022 dans les Salons de l’Hôtel de Ville de Lyon.

Cette plénière est une première. C’est la première fois que je me trouve dans les somptueux salons de l’Hôtel de Ville.
Rachel est également là jusqu’à 11 heures et n’hésite pas à demander une boucle magnétique individuelle ainsi que la tablette avec transcription qu’on lui a promis. Malheureusement, cette dernière n’est pas prévue et Rachel devra se contenter de lire la transcription sur son téléphone, qui ne fonctionnera pas faute de réseau Wi Fi suffisant. Par contre, le traducteur de LSF est là, bien visible de tous. Apparemment, l’accessibilité n’est pas tout à fait au point…

Pour commencer la journée, le discours de Grégory Doucet, maire de Lyon : une chemise blanche mais pas de cravate. Le ton est donné, l’ambiance détendue.

Puis Sarah Battegay de « Coin Coin Productions » présente les outils : flash code pour un bref questionnaire (le numérique est bien là), et présence du dessinateur humoriste Eric Grelet qui agrémentera la journée de ses croquis souvent pertinents.

Puis nous avons droit à une « conférence » de Patrice Meyer-Bisch*, philosophe et président de l’Observatoire de la diversité et des droits culturels, coordinateur de la chaire Unesco pour les droits de l’homme et la démocratie (université de Fribourg). Du haut vol !

Ces gens sont tous d’accord pour mettre les droits culturels au centre des politiques !

Les savoirs doivent se croiser et tisser des liens sociaux. Patrice M.B. utilise l’image du métier à tisser qui sied tout à fait à la ville de Lyon… « Pour cela, il faut observer, observer, observer afin de voir pourquoi cela fonctionne ou ne fonctionne pas. » dit-il.
En tant que philosophe, il aime revisiter le sens des mots et des concepts.  » Face à leur perte de sens, nous devons restaurer la puissance des mots ! « 
Par exemple, commune (communauté de gens à l’origine) est une communauté politique et non une collectivité territoriale…
Et le public ne doit pas rester passif car à l’origine, le public c’est le peuple !

Le Droit est le plus court chemin entre un être en souffrance et un élu qui peut répondre ».

En fait, les Droits culturels énoncés dans l’article 27* des Droits de l’homme, c’est le droit de savoir, d’apprendre mais aussi le droit d’apprendre aux autres. C’est donc accéder à la culture en participant. Reconnaître l’histoire de chacun et dire à chacun « ton histoire nous intéresse ».
Un moyen peut être d’en finir avec la violence, souvent synonyme de déculturation.

Après cela, une intervenante de LALCA, laboratoire de recherche et de création artistique sur la ville et l’habiter (architectes, chercheurs, anthropologues, artistes) nous en explique la démarche : 

Installés dernièrement aux derniers bains douches de Gerland (créés en 1967), au plus près des gens nomades, « nous sommes des passeurs » dit-elle.
 » On fait parler les gens, on enregistre leurs témoignages, dans le but de proposer des solutions pour l’avenir, de créer la ville avec eux. « 

Ces enregistrements ont été déposés au fond des archives municipales de la ville de Lyon
L’inauguration de ce dépôt a eu lieu jeudi dernier. Le but est de donner à voir des archives peu valorisées
Louis Faivre d’Acier, directeur des archives municipales de la ville de Lyon conçoit les archives comme matériau de l’histoire mais aussi outil pour le futur.
« Faire émerger des savoirs pour croiser les sources. » Toujours le tissage …

Puis plusieurs intervenants venus directement des Pays-Bas se présentent tour à tour.
Friso Wijnen, est conseiller culturel ambassade des Pays Bas

Barbara Strating est Philosophe et conservatrice d’Art Contemporain (université de Maastricht). Elle est aussi conseillère en accessibilité, à la fois malvoyante et malentendante.

Elle a organisé dans différents musées des visites inclusives prenant en compte différents handicaps, aussi des visites pour des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
En 2017, elle a travaillé sur un projet de musée multi sensoriel accessible à tous : acoustique, lumière, salle de repos, facilité à se mouvoir, parcours intuitif, répliques des œuvres (odorat et toucher).  » Dans ce musée, tous les sens travaillent ensemble ! « 

Simon Dogger, lui, est un designer aveugle. https://simondogger.nl/

« Je veux pouvoir aller au musée et marcher dans la rue sans aide, cela conditionne ma création »
Créer un autre monde, accessible à tous. Son travail est avant tout conceptuel et vise à changer notre manière de penser et mettre en place de nouvelles valeurs.
Les différentes perspectives doivent converger vers une vision commune et l’accessibilité doit être intégrée au départ des projets.

Mari Sanders, est handicapé moteur https://www.marisanders.nl/
« Le handicap est compris dans mon identité, l’art est important pour moi »
Il a réalisé de nombreux courts métrages, effectué un tour de l’Europe pour voir comment le handicap était géré dans les différents pays.
« Rue des invalides » à Paris https://www.marisanders.nl/en/portfolio/ruedesinvalides/

L’après midi,
Claude Mourieras, directeur de la CinéFabrique et réalisateur
Sarah Chevrot, responsable de l’association Culture pour tous
Richard Monségu, musicien sociologue, directeur artistique de la Cie Antiquarks
nous ont fait part de leurs expériences concrètes en débattant avec le public.
Dommage que les petits films projetés n’étaient pas sous-titrés et que les BIM, fonctionnelles pour les interventions au micro, ne fonctionnaient pas pour les vidéos diffusées …

Laurence

* Patrice Meyer-Bisch est particulièrement connu pour son travail dans le domaine des droits culturels. Il est un des principaux rédacteurs de la Déclaration de Fribourg sur les Droits Culturels (2007), qui clarifie à partir des instruments existants le contenu des droits culturels au sein du système universel et indivisible des droits humains.
Comme il le déclare dans «Les Droits Culturels dans la Grammaire du Développement»:
« Il ne s’agit pas de définir un développement qui respecte les droits de l’homme, mais des politiques qui considèrent chaque droit de l’homme comme facteur de développement, comme un moyen en même temps qu’une fin. Il ne s’agit pas non plus de définir un développement durable qui laisse une place à la diversité et aux droits culturels, mais un développement qui soit fondé sur eux, en tant que ressources fondamentales pour exercer ses libertés et ses responsabilités de façon durable. »

* Déclaration universelle des droits de l’homme
Article 27
Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.
Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l’auteur.

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