Faire avec….

Ce témoignage a été réalisé durant la fête des Lumières par des élèves en école de journalisme qui avaient souhaité axer leur reportage sur l’accessibilité de cette fête. Vous pouvez retrouver ce témoignage parmi d’autres sur le site que ces élèves ont créé à cette occasion : HANDI’LUM

Treize ans, c’est l’âge qu’avait madame A la dernière fois qu’elle est allée à la Fête des Lumières. Malentendante depuis son enfance, le bruit et la foule sont pour elle insoutenables. La Fête des lumières, c’est l’un des endroits parmi tant d’autres que madame A ne peut plus fréquenter. Elle nous raconte son histoire.

« Je tenais toujours la main de maman » : pas d’émerveillement pour madame A à la Fête des Lumières. Pour elle, ce moment n’est que panique et vertige. A 51 ans, elle n’est plus jamais retournée à la fête des lumières. « Il y a trop de lumières, je ne sais pas où regarder, ça bouge dans tous les sens », regrette madame A qui pourtant aimerait pouvoir retourner voir les lumières de la fête. « Il faudrait qu’il n’y est personne ! Je n’étais même pas au courant que des visites étaient prévues pour les personnes handicapées les années précédentes. Je l’ai appris lors de notre premier entretien. La ville de Lyon fait des choses super pendant les Journées du Patrimoine pour les personnes handicapées, il faudrait la même chose pendant la fête des lumières »

Mais être malentendant ne pose pas problème que pour les événements ponctuels. Dans la vie de tous les jours, les centres commerciaux et les hypermarchés sont un véritable calvaire. « J’ai fini par trouver un lieu où faire mes courses près de chez moi. Mais quand j’y vais, je débranche mes appareils auditifs, sinon, ce n’est pas possible »

Toujours positive

Mais attention, ne croyez pas que madame A est quelqu’un de pessimiste. « Je fais partie de ces gens qui ont appris à vivre avec leur handicap. Je suis dans des associations, je fais des interventions dans les écoles». Si aujourd’hui elle ne peut plus travailler, Véronique a tenu son propre salon de coiffure pendant 20 ans, sans que ses clients ne se rendent compte de son handicap. Mais aujourd’hui rien n’a changé avec ses proches. Ils sont au courant de son handicap et vivent très bien avec : « Quand mes enfants étaient petits, ils m’aidaient beaucoup, ils répondaient au téléphone parce que je n’entendais pas. Quand j’écoutais de la musique, je ne comprenais pas forcément les bonnes paroles alors je chantais ce que je comprenais. Évidemment je disais n’importe quoi, ça les faisait beaucoup rire ! »

Un manque de sensibilisation

Avec cette étiquette, madame A permet aux gens de s’adapter à son handicap / Crédit : Auriane Guiot

Tout comme Julien Vignon d’Handilol, madame A regrette réellement un manque de sensibilisation. « Quand je sors, j’ai toujours accroché à mon sac une étiquette qui signale que je suis malentendante. Les gens ne le considère pas comme un handicap car il ne se voit pas. Quand on leur dit handicap, ils pensent tout de suite fauteuil roulant » Des réactions du grand public qui sont parfois complètement disproportionnées : « un jour, je rejoignais ma voiture sur un parking, et je n’ai pas entendu la voiture qui arrivait derrière. Au lieu d’attendre que je me décale sur le côté, le conducteur m’est rentré dedans, alors mon mari s’est énervé ». madame A a du ré-expliquer à de nombreuses reprises son handicap aux gens qu’elle rencontre. « A l’heure actuelle, je pense que ce n’est plus les adultes qu’il faut sensibiliser, tout va passer par les enfants. Lorsque je suis en intervention dans les écoles, certains enfants ont peur, mais quand on leur explique, ils touchent mes appareils, essayent de comprendre, c’est super intéressant ».

Selena Miniscalco 

Légende : madame A raconte son histoire à Alexandra Pacrot et moi-même. Elle ne considère pas son handicap comme une fatalité. « Il faut faire avec »

Posted in Témoignages.