2015 SO Décembre

 

 

décembre 2015

N° 387

 

 

« Hier n’existe plus. Demain ne viendra peut-être jamais.

Il n’y a que le miracle du moment présent.

Savoure-le. C’est un cadeau »

Marie Stilkind (blogueuse)

 

 

 

 

 

 

 

Témoignage : Une après-midi remplie d’émotion

 

Le 25 septembre fut une première pour moi et pour l’équipe d’Handisport de Saint-Symphorien d’Ozon. Philippe Touzet, à la tête de cette association formidable, m’a demandé si je voulais les rejoindre pour le handicap qui est le mien, la « surdité ». Ayant dans l’associationune petite Léonie, implantée cochléaire, il lui avait semblé plus juste qu’une personne concernée par ce handicap intervienne à la demande de la maman de Léonie pour faire comprendre le handicap de sa fille.

Ce fut une après-midi organisée sous forme d’atelier sportif (le grand-père de cette fillette était aussi présent pour animer ces ateliers) et d’un atelier discussions. Et là, par petits groupes de cinq élèves que l’on avait pendant huit minutes avec Philippe, les enfants nous posaient beaucoup de questions, on les sentait très concernés.

C’est avec un immense plaisir que j’ai pu faire passer le handicap de la surdité, les conséquences qu’il avait à l’école, en famille, avec les amis et dans la vie de tous les jours. Nous les avons mis en situation de malentendance. Et nous avons, je pense, répondu à un maximum de questions.

Les enfants sont vrais et toute acceptation de n’importe quel handicap quel qu’il soit (moteur, visuel, auditif, mental etc..) évoluera par la mise en situation et les réponses aux questions que l’enfant se pose pour une information complète dès le plus jeune âge. Comme m’a dit un petit,  » … Léonie elle est comme nous « . Bien sûr, et même plus forte, car elle doit se battre tous les jours dans ce monde où le handicap n’est pas encore bien compris.

Merci à Philippe, Laurence, toutes les personnes d’Handisport présentes, la directrice et les personnes qui encadraient ces enfants.

Véronique Szczesniak

 

 

 

Conférence: Donner du sens au son, de la surdité à l’implant cochléaire

 

Cette conférence était donnée dans le cadre de la fête de la Science, au grand amphithéâtre de l’Université de Lyon, salle très récente, munie d’une boucle magnétique malheureusement peu efficace, mais nous avons reçu l’assurance qu’elle serait testée et réglée prochainement.

Voici ce que j’ai pu retenir de l’exposé de Monsieur Pascal BARONE (chercheur au CNRS Cerveau et Cognition. Toulouse) :

 — Nos recherches s’appuient sur la plasticité du cerveau. 

Deux remarques préliminaires :

– une différence nette entre déficit visuel et déficit auditif : très peu de déficients auditifs bénéficient d’une correction, contrairement aux visuels.

– de plus en plus de personnes ont des problèmes d’audition (zones de bruits excessifs, traumatismes sonores dû à la musique amplifiée, vieillissement…)

 — On s’intéresse ici aux pertes supérieures à 90 db. La stratégie peut prendre différentes formes : langue des signes, substitution sensorielle et neuroprothèses (= implants).

— Pour un implant, 3 conditions sont nécessaires : préservation du nerf auditif, surdité post linguale et pour un enfant, implantation très jeune, voire dès la première année.

Cependant, l’information auditive est appauvrie (on fait mieux maintenant avec 16 canaux au lieu de 2 autrefois). L’écoute de musique reste difficile. La récupération de la compréhension de la parole va jusqu’à presque 100 %, avec de gros progrès la première année.

Projection d’une vidéo : exemple d’une enfant implantée à 3 ans, à l’âge de 9 ans elle s’exprime et comprend presque comme tout entendant.

— On remarque une interaction entre vision et audition pour la compréhension de la parole, la parole est audiovisuelle, la vision a un rôle très important dans le déficit auditif. En fait, le cerveau se réorganise en cas de surdité, des régions cérébrales de l’audition sont activées par celles de la vision, d’où l’intérêt d’une bonne lecture labiale. Certaines aires du cortex auditif se réactivent.

— Un adulte implanté récupère 20 à 70 % la première année (capacités variables), 80 % en 3 ans et jusqu’à 100 % en gardant une bonne lecture labiale. Le LPC (Langage Parlé Complété) est aussi très efficace pour les enfants implantés.

Conclusion : Le succès de la réhabilitation auditive par implant cochléaire est basé sur le potentiel de plasticité du cerveau.

Nicole Leitienne

 

 

 

Réunion à l’ARS sur la plate-forme « Clima »(voir So novembre 2014)

 

Le vendredi 2 octobre, l’ARS Rhône-Alpes organisait une réunion pour un premier bilan depuis la création, en décembre 2014, de la plate-forme CLIMA, consultations des personnes sourdes et malentendantes, à l’hôpital Édouard-Herriot.

Une trentaine de personnes étaient présentes, surtout des personnes sourdes signantes, responsables d’associations de Lyon, Grenoble, Saint-Étienne, secrétaires, assistantes sociales et médecins des deux centres concernés, l’Hôpital Édouard-Herriot et le CMP de Vaise.

Jusqu’au 31 août 2015, donc en sept mois environ, 77 personnes ont consulté dont 82 % en LSF et 13% de malentendants oralistes.

Marie Noëlle Kien

Comme on a pu le constater dans le domaine de la Justice, à la lecture du précédent numéro de la Sourde Oreille, certains médecins, à l’instar des professionnels du droit, ont parfois du mal à se faire comprendre des personnes sourdes ou malentendantes, pour délivrer leur diagnostic et prodiguer les indications de traitement à suivre. Alors, que se passera-t-il si un patient a mal entendu donc mal compris ou pas compris du tout ce que lui disait l’homme de l’art ? Il s’avère ainsi que ces consultations à l’intention des déficients auditifs répondent à un besoin bien réel.

JM Plissonnier

 

 

 

La Maison des canuts

 

Nouvelle après-midi au musée ce samedi 17 octobre, la Maison des canuts à la Croix-Rousse.

C’est ici que se trouvent les 5 derniers métiers à tisser Jacquard encore en activité. Dans le parler lyonnais on les appelle les bistanclaques (ou bistanclaque-pan ; onomatopée reprenant les différents bruits que fait le métier à chaque opération). Ils fonctionnent à la force des bras. De nos jours, les métiers à tisser sont tous automatisés, ce travail étant si répétitif et fastidieux. Mais le métier à tisser manuel permet un tissage d’une qualité sans commune mesure avec le résultat obtenu sur les métiers automatiques. Le prix des étoffes y atteint donc des sommets inaccessibles.

Une jeune et charmante guide nous a tout appris sur le métier Jacquard entièrement dédié au tissage de la soie. C’était sidérant.

On peut tisser une étoffe de soie avec quelques couleurs, 13 par exemple, ou bien avec 150. Le premier nombre peut paraître énorme aux ignorants que nous sommes, mais avec 150, nous changeons de dimension ?

Notre guide qui est elle-même une tisseuse confirmée nous expliqua qu’elle devait mémoriser l’ordre de passage des couleurs. Alors au cours de sa démonstration, les 13 navettes portant les différentes couleurs virevoltèrent. Ceci fait, un coup de peigne pour tasser le rang de fils, puis un tir sur une corde pour faire avancer la grande carte perforée sur laquelle est codifié le motif à représenter sur l’étoffe, enfin un appui du pied sur la pédale et l’on passe au rang suivant… Et avec 13 couleurs, en une journée de 8 heures de travail, l’étoffe s’allonge de 33 centimètres. Avec 150 couleurs, la progression ne serait plus que de 6 centimètres par jour.

Il peut arriver au tisseur de faire une erreur, de mélanger ses navettes par exemple. Aucune importance : dès qu’il s’en aperçoit, il lui suffit de revenir en arrière, en tirant sur une autre corde qui fait repartir la carte perforée en sens inverse d’autant de crans que nécessaire. Mais attention, lorsqu’il tisse une pièce de brocart, il n’a plus droit à l’erreur : une fausse manœuvre rend tout le travail déjà effectué irrémédiablement perdu.

Les étoffes ainsi produites à Lyon ont des motifs exclusivement floraux.

Un métier Jacquard fait 4 mètres de haut. Il faut donc des salles de 5 mètres sous plafond. C’est pourquoi les ateliers des canuts se trouvaient en haut de la Croix-Rousse.

Malgré le savoir-faire nécessaire pour produire des œuvres d’une telle qualité et le travail harassant et épuisant à fournir lors d’interminables journées de dix-huit heures, les canuts étaient très mal considérés. L’époque étant ce qu’elle était, ils étaient traités en parias. Ils étaient tout en bas d’une échelle dont les clients, des aristocrates et de grands bourgeois richissimes occupaient le sommet. Puis venaient les soyeux, des bourgeois à qui les premiers passaient commande. Suivaient les dessinateurs de fabrique qui dessinaient les motifs selon les désirs du client, avec les couleurs. Puis les codeurs qui perforaient les cartes destinées à être lues par la machine.

Aux canuts les conditions de travail éprouvantes dans la poussière des fils de soie qui leur rongeait les poumons : la tuberculose sévissait. Ils avaient à côté d’eux un crachoir pour éviter la contagion. Leur position devant le métier leur déformait le corps, ils n’étaient ni debout, ni assis et leur jambe droite devait se lever éternellement pour appuyer sur la grande pédale.

Les canuts se révoltèrent à plusieurs reprises pour diverses raisons. Tout d’abord il craignirent que les métiers Jacquard ne les réduisent au chômage. Ensuite ils demandèrent qu’un salaire minimum (voici donc l’ancêtre de notre SMIC !) leur soit garanti pour les mettre à l’abri des aléas de la conjecture ou des tentatives des donneurs d’ordre de déprécier leur travail pour payer moins cher. Beaucoup perdirent la vie dans ces émeutes.

Ils furent des précurseurs dans la lutte des travailleurs contre leur exploitation par les puissants. Saint-Simon, Charles Fourier, Zola se sont inspirés d’eux. Lyon sera regardée comme la capitale du mouvement social.

JM Plissonnier

 

 

 

Trophées régionaux de l’innovation sociale 2015

 

Le Groupe AG2R LA MONDIALE et la CARSAT Rhône-Alpes – dans le cadre de leurs politiques d’action sociale axées sur la prévention des effets du vieillissement pour le maintien de l’autonomie – ont renouvelé leur partenariat en organisant conjointement les Trophées Régionaux de l’Innovation Sociale.

Cette année, le thème était : « Bien vieillir et nouvelles technologies »

Plus de 20 structures ont déposé un dossier, trois lauréats ont été primés dont notre association, par l’intermédiaire de Maxime Rinna pour le projet Handi-Phone que vous connaissez (voir SO n°384 de juin 2015).

Lors de la remise des prix des Trophées qui a lieu le 27 Octobre à l’Espace Part Dieu, Maxime et Lionel Beaudoin, son partenaire, ont fait la démonstration de ce projet et nous avons partagé un agréable moment.

Bravo à Maxime et Lionel pour cette belle réussite qui va leur permettre d’avancer dans le développement de ce téléphone transcripteur.

Nicole Leitienne et Suzette Mallein

 

 

 

Nos prochaines réunions

 

Rappel : Le samedi 21 novembre, nous accueillerons Madame LEFILS, psychologue et Madame Juan, psychiatre, pour leur intervention sur la santé psychique des malentendants…... Elles ont organisé une journée Portes Ouvertes au CMP, le jeudi 15 octobre.

Mais ATTENTION ! Notre local habituel étant indisponible le 21 novembre, nous nous installerons dès 14h, dans la salle « Egalité » de la Mairie du 8ème arrondissement, 12 avenue Jean Mermoz.

TCL : Tramway T2, bus C15, C23 et 26, arrêts Bachut-Mairie du 8ème (ou Maryse Bastié)

Le samedi 19 décembre, comme chaque année, nous nous retrouverons au local à 12 h pour notre repas de Noël. Il sera suivi de la projection d’un film. Nous vous demanderons, le jour-même, une participation de 8 € – boissons et café compris (merci de prévoir l’appoint)

Pour faciliter l’organisation, nous vous remercions de vous inscrire avant le 30 novembre, par un petit mot auprès de Simone Duroux, Françoise Hostein ou Nicole Leitienne à aldsm69@gmail.com

 

 

PROCHAINES REUNIONS :les samedis suivants

21 novembre à 14h30 à la Mairie du 8ème : Intervention sur la santé psychique

19 décembre à partir de 12 h au local : Repas de Noël suivi d’un film (voir ci-dessus)

16 janvier à 14h30 au local : Intervention de M. Peyrol sur la MDPH

20 février à 14h30 au local : Assemblée Générale

 

Prochaines permanences des lundis 14h à 16h :

7 décembre – 4 janvier 2016 – 1er février

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